Чёрная речка. До и после (К истории дуэли Пушкина) — страница 7 из 52

[24].

Квартирован я отвратительно, в одной комнате со мной ночуют трое крестьян и две бабы, смрад там стоит невыносимый; так что я очень обрадовался, узнав, что 10 июля мы должны возвратиться в Новую Деревню[25].

Дорогой друг, прошу прощения за столь никчёмное и совсем не интересное письмо, но я совершенно поглупел от жизни, какую веду в последнее время, и к тому же с трудом нашёл место, где смог написать вам эти несколько слов.

В лагере ничего нового, кроме того, что Демидов[26], офицер нашего полка, женится на красавице мадемуазель Безобразовой, а помолвка младшей Щербатовой[27] расторгнута, так как мать жениха не изволила дать согласия на этот союз.

Передайте папе, что напишу ему, как только вернусь из лагеря, пока же для этого нет никакой возможности, а ещё скажите, что в Петербурге сейчас находится бывший депутат, который его знает и очень любит, я весьма часто с ним вижусь; это генерал Донадьё[28], и он просит ему кланяться. Пока я не смог дознаться, для чего он сюда приехал, однако думаю, что с поручением политического свойства, поскольку он чрезвычайно осторожен.

Прощайте, любезный друг мой, любите меня по-прежнему крепко, я вам отвечаю тем же и крепко обнимаю вас.

Дантес

NB. Наилучшие пожелания моему отцу.


В письме всплывают новые имена светских знакомых Пушкина и Дантеса, поминаются события петербургской жизни, участником которых был также Пушкин, его жена, сёстры Гончаровы. В их письмах мы встречаем порою упоминания тех же происшествий, которые занимают Дантеса и о которых он сообщает Геккерену.

Так, в петергофском празднике 1 июля 1835 года, о котором идёт речь в этом письме, принимали участие Пушкин и сёстры Гончаровы. Об этом, в частности, упоминают родители поэта, жившие на даче в Павловске, в письме дочери Ольге Сергеевне Павлищевой в Варшаву от 12 июля того же года. Надежда Осиповна пишет: «С тех пор, что мы в Павловском, Александр не подаёт признаков жизни; по слухам я знаю, что они веселятся, были в Петергофе и в Парголове у графини П[олье]». (Письма С.Л. и Н.О. Пушкиных к их дочери О.С. Павлищевой. 1828—1835. СПб., 1993. С. 289.)

Пушкину в эти дни было явно не до веселья. Ему только что было отказано в издании литературной и политической газеты, за разрешением на которое он письменно обратился к Бенкендорфу как посреднику между собою и императором. Пушкин был вынужден пойти на этот шаг, так как только таким образом он мог поправить свои материальные дела. Он писал: «Жизнь в Петербурге ужасающе дорога». Получив отказ, Пушкин 1 июня пишет новое письмо Бенкендорфу с просьбой о разрешении уехать в деревню: «Три или четыре года уединённой жизни в деревне снова дадут мне возможность по возвращении в Петербург возобновить занятия, которыми я пока ещё обязан милостям Его Величества». Вполне вероятно, что именно на празднике в Петергофе состоялось объяснение Пушкина с Бенкендорфом, который передал ему волю царя, отказавшего поэту в праве покинуть столицу иначе, как подав в отставку. Через несколько дней, 4 июля, Пушкин отвечает Бенкендорфу: «Государю угодно было отметить на письме моём к Вашему сиятельству, что нельзя мне будет отправиться на несколько лет в деревню иначе, как взяв отставку. Предаю совершенно судьбу мою в царскую волю и желаю только, чтоб решение Его Величества не было для меня знаком немилости и чтоб вход в архивы, когда обстоятельства позволят мне оставаться в Петербурге, не был мне запрещён».

IV

Pétersbourg, le 14 juillet 1835

Mon cher ami, je commencerai par vous demander pardon de mon peu d'exactitude, c'est-à-dire en apparence; et cependant il m'a été impossible de vous écrire plus tôt. Depuis que vous avez reçu ma dernière lettre, on [ne] nous a pas laissé une minute de repos, mais maintenant que nous sommes tous rentrés chez nous, et que les manœuvres sont finies, je vous écrirai des volumes.

Voilà deux jours que tout est fini, je ne dirai pas qu'elles ont duré trop longtemps, car cela ne me regarde pas; mais ce qui est certain, si votre Prince des Pays-Bas aime les manœuvres et les parades, il peut être satisfait car certainement on ne lui en a pas laissé manquer: depuis le 28 juin jusqu'au 11 juillet nous n'avons pas couché deux jours de suite au même endroit. Aussi pour ma part, je me suis gâté mon second cheval, il est maintenant à l'herbe. J'espère cependant qu'il en reviendra. Cependant il faut être juste et je ne vous ai encore parlé que du mauvais côté de nos manœuvres et cependant nous y avons aussi trouvé du plaisir: les fêtes se sont succédées et l'Impératrice a continuéàêtre bonne pour moi, car il n'y a pas eu 3 officiers du régiment d'invités sans que je fusse du nombre, l'Empereur aussi me témoigne encore toujours la même bienveillance; donc vous voyez, mon très bon, que de ce côté tout est resté sur le même pied. Quant au Prince des Pays-Bas, il est aussi très aimable et à toutes les occasions il me demande de vos nouvelles, et si votre santé s'améliore, vous pouvez penser si je suis heureux de pouvoir lui dire que vous allez pour le mieux et que vous serez tout à fait guéri pour l'année prochaine, car c'est l'avis aussi de Sadler que j'accable toujours de questions sur votre compte et qui m'a assuré que la meilleure preuve que votre santé s'était tout à fait rétablie c'est que les médecins de ce pays vous ordonnaient une cure de raisin. Je me figure quelle fête ça doit être à Soulz de savoir que vous viendrez y passer une quinzaine de jours, et si par hazard vous deviez vous y ennuyer, je vous demande grâce d'avance. Ils voudront tellement vous amuser qu'ils finiront par vous lasser. Comment voulez-vous qu'il en soit autrement, n'êtes-vous pas leur bienfaiteur à tous; car par le temps qui court, trouver dans un étranger un homme qui veut bien donner son nom, sa fortune, et qui [ne] demande en échange que de l'amitié, mon cher, il faut être vous et avoir l'âme placée comme vous l'avez pour que le bonheur des autres fasse aussi le vôtre, et je vous répète ce que je vous ai déjà souvent dit, que la tâche de vous toujours contenter me deviendra facile, car je n'ai pas attendu sur ce dernier témoignage de votre part pour vous vouer une amitié qui ne finira qu'avec moi: voyez-vous, tout ce que je vous dis là ne sont pas des phrases, comme vous me l'avez reproché dans votre dernière lettre, mais comme l'on ne peut exprimer ce que l'on ressent que par là, il faut vous soumettre à en lire, si vous voulez connaître le fond de mon cœur.

Ce que vous me dites d'Alphonse me fait bien plaisir, et me prouve qu'il est resté tel que je l'ai laissé. Certainement il est impossible de témoigner plus d'attention et de donner plus de soins qu'il en a toujours donnéà mon père qui le mérite certainement sous tous les rapports, car c'est l'homme le plus digne et le plus respectable qu'il est possible de trouver. Au reste vous êtes sur les lieux, vous pouvez vous en assurer par vous-même. Je connais toutes les personnes dont vous m'avez parlée, ce sont de très braves gens mais je ne crois pas qu'ils puissent vous suffir car ils ne sont pas plus amusants que l'ordonnance ne le comporte. J'oubliais presque de vous gronder: quand les médecins vous ont fait partir de Pétersbourg, c'était non seulement pour vous faire changer d'air, mais encore pour vous éloigner des affaires et laisser votre esprit en repos; mais maintenant d'après votre lettre je vois combien votre imagination trotte et vous faites, je suis sûr, des projets à n'en pas finir, et avec votre caractère cela doit vous fatiguer. Soyez donc tranquille, mon très cher ami, soignez bien votre santé et il nous restera toujours plus qu'il ne faut pour aller passer notre existence ensemble là où le climat vous sera le plus favorable et soyez persuadé que nous serons heureux partout, car vous le méritez sous tous les rapports.

Vous devez vous rappeler que dans [ma] dernière lettre je vous ai parlé d'un certain général Donnadieu qui était venu à Pétersbourg sous le prétexte d'un voyageur. Mon cher, je ne me doutais pas d'être aussi près de savoir ce qu'il venait y faire: et Dieu sait si alors j'aurais eu besoin de vos conseils. Il faut vous dire que j'ai été choisi pour intermédiaire entre lui et grand Monsieur[…] pour différentes questions et demandes qu'il avait à faire que je ne puis confier au papier puisque ça n'est pas mon secret; enfin je vous dirais seulement [ceci] pour vous rassurer sur ma conduite: après avoir terminé cette affaire qui a duré 15 jours et pour avoir le cœur net j'ai écrit au comte Orloff, je lui ai demandé un entretien qu'il m'a accordé avec la plus grande amabilité. Là je lui ai rendu compte du commencement jusqu'à la fin de tout ce que j'avais fait et dit et il m'a complètement approuvé dans la manière dont j'avais agi et m'a engagé que, chaque fois que je me trouverais ayant besoin de conseils, je devais m'adresser à lui, qu'il serait toujours enchanté de me prouver ses bonnes dispositions en ma faveur, et mon général est reparti aujourd'hui par le bateau à vapeur, comme il était arrivé. Mais jamais de la vie je ne me suis rappelé ce que vous m'avez dit du caractère français en fait d'affaires comme dans cette occasion où j'ai pu me persuader que vous ne vous êtes pas trompé sur leur compte, car vous ne pouvez vous imaginer combien cet homme avait compté sur son mérite personnel pour remplir une commission dont il avait été chargé et trouvant dans toutes ses conversations la chose dont il était chargé aussi naturelle que vous d'aller vous promener après votre dîner.

J'ai toujours oublié de vous dire que les Soutzo avaient quitté Péters-bourg et qu'ils avaient été en Suède et de là ils iront en Gr