Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота — страница 38 из 183

Le gouvernant français a prétendu introduire dans la politique européenne un langage ouvert et simple. Il a tenu parole dans quelques beaux moments de la révolution; à présent cette franchise consiste à dire que ce gouvernant est assez fort pour pouvoir braver impunément ses voisins. Vous ferez mieux. Vous donnerez l’exemple de la véracité et de la droiture; Vous avez déjà commencé. O mon Héros! restez dans cette belle carrière.

Le Pape a livré au gouvernement français un émigré que la Russie avait adopté2; il aura apparemment le sort du malheureux Enghien. – Ces meurtres portent le caractère révolutionnaire, et quand il serait prouvé strictement qu’en général le salut d’une grande nation doit être exposé pour venger la mort d’un individu, la prudence exige que ces actes de violences soient en quelque sorte amaigris, parce que c’est en vain qu’on voudrait s’efforcer pour le moment d’en arrêter le cours par la force armée. La guerre les forcera et est utile au despotisme naissant plus encore qu’elle n’est nuisible au despotisme consolidé.

Si Vous jetez les yeux, Sire, sur l’intérieur de Votre Empire, Vous trouverez de nouvelles raisons pour la paix; je m’en tiens à une seule, qui l’emporte sur toutes. Pour réaliser tant de vues bienfaisantes que Vous avez pour Votre peuple Vous avez besoin d’être autocrate. Or Vous cessez de l’être que Vous avez déclaré la guerre; de fait Vous devenez dépendant de tous les millions de besoins qu’ont Vos armées, dépendant surtout de ceux qui Vous fournissent ces besoins; au lieu que pendant la paix Vous êtes maître de tous les mouvements de chaque branche de l’administration, Vous accélérez ou ralentissez à Votre gré la marche de chaque individu que Vous employez. Calculez.

Quelque soit l’effet de cette lettre, elle Vous prouvera que si j’ai quelquefois conseillé des moyens vigoureux, je n’en hais pas moins la violence; Vous ne méconnaîtrez pas le tendre attachement que je Vous ai voué, supérieur à toutes les considérations qui auraient de m’imposer silence sur cette matière. J’ose même attendre de Votre profonde bonté que Vous voudrez bien m’envoyer une feuille de papier avec un simple oui ou non, pour ne pas me laisser dans l’incertitude. Si le temps Vous permettait d’y ajouter la réponse que Vous m’avez bien voulu promettre à quelqu’une de mes lettres, Vous rendiez bien heureux

Votre Parrot.


Mail il l’est déjà. Votre dernier séjour à Dorpat, cette heure à jamais mémorable m’interdit tous les vœux, hors celui de posséder un cœur plus sensible pour pouvoir Vous aimer encore davantage.

30. G. F. Parrot à Alexandre IER

Dorpat, 14 juin 1804


Sire,

J’ose aujourd’hui Vous rappeler un des instants de l’heure délicieuse que Vous m’accordâtes à Votre passage à Dorpat, celui où Votre cœur magnanime m’invita à Vous faire confident des situations embarrassantes où l’Université pourrait se trouver. Je le fais avec cette confiance illimitée que Vous m’avez inspirée, avec cet amour sans bornes que Vous avez pu un instant croire démesuré.

Le Directoire général des écoles Vous a demandé par la voie du Ministre 118 000 Roubles annuels pour l’entretien des gymnases et écoles de district des 4 gouvernements de l’Arrondissement de Dorpat. Cette demande est calquée sur un état que je présentai au Directoire l’année dernière. Il fut décidé alors que ce que les collèges des secours publics des 4 provinces avaient fourni jusqu’à présent serait fondu dans cette masse totale de 118 000 R.

Dans la requête du ministre il se trouve d’ajouter que les sommes fournies jusqu’à présent par les villes seraient également défalquées de cette masse totale. Vous avez accordé Votre sanction à cet arrangement, et le ministre a déjà envoyé des réquisitions aux Régences des 4 gouvernements pour mettre cet ordre à exécution.

Sire, je savais très bien que plusieurs villes ont fourni des contributions notables pour l’entretien des écoles. Mais j’avais compté sur ces contributions pour un autre but. D’un côté il est des villes telles que Riga et Dorpat, où les appointements généraux calqués par le Directoire ne peuvent pas fournir aux besoins des précepteurs. Il ne m’a pas été possible d’engager le Directoire à avoir égard à ces circonstances parce que l’on a pour principe de mettre à tout une uniformité aussi complète que possible, qui par l’énorme disproportion des prix dans les différentes provinces de l’Empire devient une injustice. J’avais donc compté redresser ce tort en engageant les villes considérables de notre arrondissement à employer une partie de ce qu’elles ont fourni jusqu’à présent à améliorer le sort de leurs précepteurs. L’autre partie, la plus considérable, devait être employée à l’entretien d’un troisième genre d’écoles, d’écoles triviales pour les villes, dont il n’a pas encore été question dans le plan général, les écoles de paroisse regardant principalement les campagnes, et qui sont d’une nécessité absolue1. À Riga par ex. il faut 14 écoles de ce genre. En outre il est encore un besoin pressant, c.à.d. des écoles de filles, auquel personne n’a encore pensé. Sire, la moralité exige absolument que l’on sépare autant que possible les filles des garçons qui vont encore pèle-mèle aux écoles triviales. Le voyage que j’ai fait cet hiver avec le Prof. Morgenstern en qualité de visitateur des écoles de Livonie m’a convaincu de cette nécessité encore plus que je ne l’étais en théorie. L’université a été même forcée d’après notre rapport d’user de sévérité dans un certain cas bien fait pour humilier toute l’espèce humaine.

Ce nouveau besoin, je l’avais également assigné en idée sur les revenus que les villes ont affectés à l’instruction publique, et j’avais déjà réussi à engager Riga (où j’ai séjourné 7 ans) à doubler ces revenus en considération de tous ces besoins. Nous sommes convenus d’y établir 14 écoles pour les garçons et 4 écoles pour les filles en attendant mieux. Je suis à présent en négociation avec Dorpat au même sujet.

Vous voyez déjà, Sire, qu’en s’en tenant à Votre ordre, de tous ces projets aucun ne peut se réaliser. Mais c’est n’est pas tout. Les villes veulent conserver l’administration de revenus qu’elles affectent à l’instruction, par des raisons faites à imaginer et à excuser. Elles se refusent même à accorder des honoraires aux précepteurs, pour ne pas confondre leurs fonds avec ceux de la couronne. Lors donc que la couronne voudra fondre ces revenus avec les siens, non seulement les villes se rétracteront sur les sacrifices nouveaux auxquels elles se voulaient prêter, mais aussi elles tâcheront de diminuer autant que possible les sommes antérieurement existantes, parce qu’une grande partie de ces sommes étaient fournies par des décrets particuliers des magistrats. Ainsi l’instruction publique souffrira par là une double perte, infiniment considérable par les considérations que j’ai alléguées.

Voilà, Sire, un de ces cas où Vous seul êtes en état de dénouer ou couper le nœud gordien. De règle nous n’avons pas le droit de faire des représentations sur ce que Vous avez signé, et il n’y a que la permission particulière que Vous m’avez donnée de m’adresser directement à Votre cœur bienfaisant, qui puisse légitimer ma démarche présente. Daignez, Sire, m’indiquer le mode que l’Université doit observer pour obtenir le redressement désiré.

Le second point concerne les bâtiments de l’Université. Le général Klinger, que l’Université se félicite de jour en jour davantage de posséder, Vous aura fait rapports que la somme que Votre générosité a accordée pour ces bâtiments ne suffira pas, et n’aura pas manqué de justifier l’Université par les raisons notables de la réalité desquelles il a pu s’assurer sur les lieux2. Mais ce qu’il aura sûrement omis, ce qu’il ne sait pas même assez pour en parler, c’est que si, malgré les nombreuses raisons qui justifient l’Université, Vous jugez que nous avons encore quelque tort, c’est moi qui l’ai.

Il est vrai que je n’ai rien fait ni proposé que de l’aveu du conseil entier de l’Université. Mais alors de tous les membres de ce conseil, la plupart étrangers et arrivés depuis peu, j’étais le seul qui réunit quelques connaissances d’architecture à un séjour de plusieurs années dans le pays, et à cet égard je fus chargé de travailler cette partie. Si après tout ce que les circonstances postérieures ont contribué à hausser les prix de nos bâtiments il se trouvait que j’ai taxé ce prix trop bas, Sire, je compte sur Votre indulgence; Vous sentirez que la possibilité de me tromper ne me laissait point d’alternative; je pourrais détester l’Université si j’avais pu avoir un instant la maxime qu’il vaut mieux demander trop que trop peu.

Peut-être, Sire, Vous proposera-t-on de nommer une commission pour examiner cette affaire. Cette commission ne pourrait voir tout au plus que ce que le Curateur a vu, ne serait pas à même de faire un devis exact des sommes nécessaires à cause de la variabilité des prix. Tout son effet serait de jeter sur Université un faux jour. Sire, conservez nous Votre confiance sur ce point comme sur les autres. C’est le seul que nos ennemis aient respecté jusqu’à présent. L’intégrité du Professeur Krause est dans toute la Livonie un axiome sur lequel personne n’a encore tenté d’élever des doutes. Au contraire; permettez-moi, Sire de Vous faire la proposition suivante: isolez en quelque sorte le Prof. Krause de l’Université. Donnez-lui directement la commission d’exécuter les bâtiments tels que Vous les avez approuvés (à l’exception de l’observatoire qui ne peut être placé sur la tour de la vieille église et pour lequel on a déjà trouvé un emplacement plus sûr et plus commode). Ordonnez-lui d’envoyer au Curateur à la fin de chaque année le devis des sommes dont il compte avoir besoin l’année suivante, abstraction faite des épargnes que l’Université compte faire cette année. Que toute notre bâtisse devienne son affaire personnelle. Je mets en gage pour lui toute la bonne opinion que Vous avez de ma moralité. Krause n’est pas un homme ordinaire. Il sent ce que l’humanité Vous doit, il sent ce que nous Vous devons, il songe à la posterité