Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота — страница 40 из 183

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[Dorpat, 26 décembre 1804]1


Sire!

Le jour de mon départ est prochain, et mon сœur me dit que j’aurai le bonheur de Vous revoir. Plus ce moment approche, plus mon désir augmente, et plus ma vertu s’épure. Oui je sens que je suis digne d’intéresser Votre cœur à des objets qui lui deviendront chers dès qu’il les connaîtra.

Mais Sire! Vos moments sont sacrés et les miens sont comptés. J’espère que Votre indulgence infinie, que j’ai éprouvée si souvent, me permettra de Vous proposer d’avance un arrangement qui épargnera du temps. J’arriverai le 30 décembre à Pétersbourg. L’objet de ma mission est d’un côté de faire le 13 janvier l’inauguration du gymnase et de l’école de district de Wiburg, et de prendre des arrangements relativement aux bâtiments que Vous avez destinés ces deux écoles, d’un autre, de proposer à Votre sanction la constitution des écoles de paroisse et d’implorer Votre générosité pour les besoins de notre Université, que Vous connaissez déjà. Le premier objet exigera un voyage de 5 jours, depuis le 10 au 15 janvier inclusivement. Daignez, Sire, le plus tôt possible avant ce terme, m’accorder une heure d’audience pour que je puisse Vous détailler le tout, et Vous remettre sur chaque objet un court mémoire qui Vous en rappelle les principaux points, afin que pendant mon absence Vous délibériez avec Vous-même ou avec quelque autre. Vous Vous persuaderez par là que je ne veux pas surprendre Votre générosité, ni armer de ces sentiments sublimes à qui l’instruction publique doit son existence présente, à qui je dois tout. Dans cet intervalle du 1er au 10 janvier je demanderai la permission de présenter au Directoire les mêmes objets et de les y discuter à mon retour de Wiburg, pour pouvoir repartir avant la fin de janvier et rentrer dans mes fonctions de professeur au commencement de février.

Sire! Pardonnez moi la hardiesse que j’ai de Vous proposer cet arrangement – mais je tremble d’être obligé de passer 3 mois à Pétersbourg de causer des frais superflus à l’université et de ruiner un semestre entier de mon existence que je dois à mes devoirs primitifs.

Il n’y a que Vous qui puissiez m’inspirer cette confiance illimitée, cette permission absolue que tout ce qui tient essentiellement au bien public est bienvenu de Vous. Mais Vous savez aussi que Vos bienfaits sont versés dans un cœur reconnaissant presque entièrement absorbé par le tendre attachement qu’il Vous a voué.

Parrot

Annexe

G. F. Parrot à prince A. Czartoryski

[Dorpat, 26 décembre 1804]


Monsieur le Prince,

Daignez encore cette fois remettre cette lettre à notre cher Monarque. Bientôt j’aurai l’honneur de Vous présenter moi-même à mon passage par Pétersbourg l’expression de ma reconnaissance. Veuillez continuer d’honorer de Votre Bienveillance

Parrot

35. Alexandre IER à G. F. Parrot

[Saint-Pétersbourg, 31 décembre 1804]1


Vous sachant arrivé je m’empresse de Vous dire, que j’acquiesce avec plaisir à Votre arrangement et Vous attends chez moi Lundi à 6 heures après-dîner. Je me réjouis bien sincèrement de Vous revoir et Votre amitié m’est et me sera toujours chère.

Tout à Vous

Alexandre


Samedi soir.

36. G. F. Parrot à Alexandre IER

Saint-Pétersbourg, 8 janvier 1805


Sire!

Vous avez daigné me promettre encore quelques instants avant mon départ pour Wiburg1. D’un côté Vous m’avez annoncé un nouveau sujet d’entretien; de l’autre j’ai encore quelques matières à soumettre à Votre délibération. J’ai eu tort de ne le pas faire d’abord, Votre indulgence extrême m’y ayant invité. Mais je les avais oubliées. Votre bonté inexprimable touchant les écoles de paroisse m’avait fait perdre la tête. Je rougis de cet aveu, mais j’y suis forcé. N’en augurez pas plus mal de moi. Ce n’est que vis-à-vis de Vous que je suis poltron.

Je viens de la Messe comptant me faire apercevoir de Vous; mais cela ne m’a réussi, quoique la foule ait été peu nombreuse. Pardonnez-moi donc la liberté que je prends de me rappeler de cette manière à Votre souvenir. Vous me pardonnez tout parce que Vous savez que mon cœur aime le bien et Vous par-dessus toute chose. – Vous savez rendre heureux.

Votre Parrot

Annexe

G. F. Parrot à prince A. Czartoryski

[Saint-Pétersbourg, 8 janvier 1805]


Monsieur le Prince,

Votre importun revient à la charge. Grondez-moi, ou plutôt sachez-Vous à Vous-même mauvais gré d’inspirer tant de confiance. C’est un des malheurs attachés non à la grandeur mais au caractère, auquel rend un sincère hommage

Parrot

37. Alexandre IER à G. F. Parrot

[Saint-Pétersbourg, 8 ou 9 janvier 1805]1


Je Vous attends aujourd’hui à 7 heures après-dîner.

[Paraphe]2

38. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg], 14 janvier 1805


Sire!

Je m’empresse de Vous faire part du plaisir que j’ai goûté à mon voyage de Wiburg, pour Vous de dédommager en quelque sorte des désagréments que je Vous cause si souvent. Je ne parle pas des égards que l’on a eus pour moi, bien au-dessus de ce que je mérite, mais de l’intérêt général que l’on a témoigné pour l’objet de ma mission. Les habitants de cette ville ont cru devoir ajouter aux démonstrations de toute espèce une preuve non équivoque du plaisir que leur font nos nouvelles institutions, en formant une souscription qui s’est montée à 1115 Rbl., dont les rentes seront employées à acheter des livres à de pauvres écoliers1.

Cette somme modique, il est vrai, a été donnée par une ville très pauvre avec une espèce d’enthousiasme qui fera rougir les autres gouvernements où nous avons éprouvé tant de résistance, et me fait espérer que cette province, qui a un besoin si pressant d’instruction, se distinguera bientôt à cet égard. Les maîtres que nous y avons envoyés sont estimés et accueillis avec plus que de la politesse dans les premières maisons comme dans les maisons bourgeoises. Le directeur des écoles, le conseiller intime Rüdinger s’est distingué par une activité, un zèle et une simplicité exemplaire, et comme Klinger m’a confié que Vous lui destinez un cadeau en argent, ce serait peut-être le moment de le lui faire lorsque le Directoire Vous présentera le rapport officiel de cette inauguration.

Les moments de loisir que me laissait mon travail ou plutôt les instants que j’ai dû passer en société avec les personnes les plus estimables de Wiburg et ses environs, je les ai employés à m’instruire de choses intéressantes relatives à ce gouvernement; un des résultats est que là les écoles paroissiales sont au moins aussi nécessaires qu’en Livonie. Là le paysan a déjà une constitution libre; mais il est pauvre et vexé uniquement faute d’une instruction qui lui donne de la dignité. Les remarques que je Vous ai faites sur les asservis paysans dans les tribunaux de Livonie cadrent absolument ici. L’ignorance de ces braves gens livra chaque d’eux à la main d’un chef qui les surpassa en connaissance.

Je prends la liberté de joindre, selon l’ordre que Vous m’avez donné, une note relativement au directeur des écoles de Livonie, Albanus, et le Suisse Zwicky, et de Vous rappeler Votre promesse touchant la Croix de Wladimir pour le premier, qui l’a méritée à tant d’égard. Quant à son uniforme que le Comte de Buxhöwden si zélé pour le bien de l’Église, veut lui ôter, Sire, si Vous croyez que l’épée puisse être vue de mauvais œil par les faibles, Albanus ne pourrait-il pas porter l’uniforme sans épée à cause de son emploi eclésiastique2. Le même courrier qui lui apportera cet ordre lui apportera en même temps la distinction honorable que Vous daignez lui accorder; ce qui lui prouvera clairement qu’en cédant au préjugé des faibles Vous rendez justice à son mérite. Mais j’ose Vous supplier que cet ordre ne lui parvienne que par le Ministre de l’instruction publique.

Sire! Je ne mets jamais la main à la plume pour Vous écrire sans sentir avec une tendre émotion le bonheur d’oser le faire. Continuez-moi ce bonheur et accordez-moi celui de Vous voir encore. Mon cœur, qui pense continuellement à Vous, me dit que dans une nouvelle entrevue je pourrai Vous faire part de remarques utiles qu’il vaut mieux ne pas confier au papier. – Tout ce que je vois et entends je le rapporte à Vous; cette manière d’exister que je me suis faite en dépit des circonstances est à moi; c’est mon bien, c’est ma richesse, un fond qui me rendra heureux quelque soit l’avenir que le sort me prépara. Aimez-moi; je commence à le mériter.

Parrot

39. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg], 26 janvier 1805


Sire,

Je ne sais comment commencer cette lettre que mon devoir me force cependant de Vous adresser. Je crains de paraître abuser de cette bonté ineffable que Vous avez pour moi! J’ai reçu avant-hier les devis des bâtiments de l’Université1, faits sur les données que l’expérience a fournies, et la somme est énorme à mes yeux, quoique ces devis soient faits par la plus pure intégrité: c’est le professeur Krause qui les a faits. Non seulement nous devons terminer les bâtiments dont Vous avez décrété l’exécution en Avril 1803 et pour lesquels Vous nous avez accordé une somme de 120 000 Rbl. qui ne suffit pas à beaucoup près