Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота — страница 55 из 183

encore davantage que l’aristocratie politique . Le droit de former son entendement et sa morale en raison de la carrière où l’individu se trouve est le droit le plus sacré de l’humanité. L’emploi de ne former que des gens de lettres est si petit, comparé à celui de former des hommes! – Mais pourquoi Vous dire ces choses-là? Votre propre cœur Vous les dit cent fois le jour. Mon Héros! Le Ciel Vous donne la patience de m’écouter et les moyens d’empêcher le mal!

Votre Parrot Vous aime de toute son âme.

95. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat], 23 septembre 1806


Sire!

Votre éternel suppliant reparaît. On Vous avait demandé la terre de Colberg pour le surintendant de Livonie. Vous hésitâtes parce qu’elle était destinée à l’Université. Lorsque je Vous fis la même prière en Vous alléguant qu’il était indifférent que l’Université eût cette terre ou une autre, Vous me promîtes de la donner. Des affaires majeures Vous ont apparemment fait oublier celle-là. À présent le moment est venu d’effectuer. La veuve du lieutenant-colonel Schröder, qui avait cette terre en arrende viagère, vient de mourir, et la terre est par là disponible. Les raisons que je Vous ai alléguées gagnent de jour en jour plus de force. La cherté à Riga est énorme et passe toute idée. Il est impossible que le surintendant y vive de ses appointements je ne dis pas avec dignité et aisance, mais qu’il satisfasse aux besoins de nécessité. Sonntag, qui remplit sa place avec tant de zèle et de succès, s’endette, et est forcé de chercher à l’étranger une place qui le nourrisse. Je ne sais personne qui puisse le remplacer; sa perte serait irréparable et la réputation qu’il a, à l’étranger encore plus qu’ici, deviendrait un reproche à la Russie, si on le laissait quitter comme on a laissé quitter autrefois le célèbre Herder1. La Russie est devenue presque le seul asile des sciences et de la vraie humanité; retenez ceux qui les servent avec zèle. Hâtez-Vous, je Vous supplie, avant que Sonntag s’engage ailleurs; c’est le Ministre de la justice qui a cette affaire.

Nos gymnases et écoles de district sont complètement organisés. Mais les écoles inférieures, ces écoles élémentaires qui doivent recevoir dans leur sein la masse de la jeunesse du peuple pour en former une partie pour les écoles de district, n’existent pas encore. Nous avons réitéré la demande pour leur érection; elles sont de première nécessité, pour les filles comme pour les garçons; nous avons demandé que celles-là soient séparées de celles-ci, parce que la moralité l’exige, parce que la mélange des sexes dans les écoles primaires détruit dans le principe ce germe d’innocence dont la nature a fait le plus bel apanage de la femme. Les frais sont les mêmes, et sont déjà assignés sur notre part des revenus des collèges des secours publics. Le seul argument qu’on opposait autrefois est qu’il est ridicule que l’Empereur de Russie fasse élever des filles. – J’avoue que je n’ai rien à répliquer à des raisons de cette force.

Je ne Vous rappelle pas les écoles de paroisse pour les campagnes. Je compte sur Vous – je ne puis compter que sur Vous seul. – Mais permettez-moi un mot sur un sujet tout différent. Vous avez ordonné des levées considérables de recrues. J’en sens la nécessité; je sens ce qu’il Vous en a coûté d’enlever au labourage tant d’hommes qui lui sont nécessaires. Mais les accessoires de cette ordonnance sont plus nuisibles encore que l’ordonnance elle-même. On exige avec rigueur, avec vexations son exécution ponctuelle. D’un côté la mesure est trop grande pour le grand nombre de recrues à livrer. L’Estonie, où la race d’hommes est petite, ne pourra pas les fournir, et les clameurs de la noblesse à ce sujet sont sans fin. J’en ai été témoin pendant un petit voyage que j’ai fait dans le gouvernement de Reval. J’ai vu une terre de 25 Haken, qui doit fournir deux recrues. Elle n’en possède qu’un seul de la taille prescrite, et ce seul homme est père de famille et le meilleur chef de métairie de toute terre. D’un autre côté on crie beaucoup contre celui qui est chargé de recevoir les recrues; il abuse des expressions de l’ordonnance; une cicatrice, une verrue, des yeux louches etc. lui servent de prétexte pour renvoyer les recrues qu’on veut livrer et l’on assure que les profits ordinaires ne lui suffisent pas. Ne serait-il pas possible de diminuer la taille requise et de faire cesser les vexations? – Vous me pardonnerez sûrement de Vous parler de choses que je n’entends pas. Puis-je voir de sang froid qu’on fasse des reproches à mon Bien-Aimé? La tendre amitié dont tout mon être est pénétré pour Vous ne me fait-elle pas un devoir sacré de Vous dire tout ce que je vois, au risque même d’avoir tort? O mon Héros! Mon ami souverain! – Ne cessez jamais d’entendre la voix de

Votre Parrot.

96. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat], 16 novembre 1806


Vous êtes devenu Père1, mon Bien-Aimé; j’ai partagé les délices que Vous avez éprouvées; j’ai remercié la Providence pour les moments de bonheur que Vous avez eus, pour ces moments à présent surtout si nécessaires à Votre cœur.

J’ai à Vous remercier pour les deux Ukases que Vous avez donnés concernant les recrues et les étudiants bourgeois. Elles sont dignes de Votre cœur, et me prouvent, malgré Votre silence, que Vous ne m’avez pas oublié, que Vous m’aimez toujours2. – Mon Alexandre! Cette persuasion m’est plus nécessaire que jamais, à présent que ma santé foncièrement délabrée me prouve que le temps de mon activité est bientôt écoulé. J’ai été obligé, il y a un mois, de cesser tout travail; depuis 8 jours j’avais recommencé, mais aujourd’hui je suis de nouveau forcé de borner mon existence aux soins pour mon physique. Je Vous écris avec peine. Mais il faut que je Vous écrire. Outre le besoin de m’entretenir avec le Bien-Aimé en mon cœur je cède à un devoir pressant. Les écoles paroissiales ne sont pas encore établies, et j’ai lieu de craindre qu’àprès moi personne n’y veuille mettre le même zèle, personne n’y puisse travailler aussi efficacement. Votre confiance me donne des moyens dont aucun autre ne peut disposer. Mettez-moi en état d’employer les restes de mon existence à cet ouvrage qui seul peut consolider tout le bien que Vous voulez faire à la classe du cultivateur, et annoncer paisiblement l’époque où on pourra rendre à l’humanité ses droits naturels. Vous devez être persuadé par tant d’expériences journalières que le moment favorable ne vient qu’une fois, que le succès dépend toujours du soin qu’on a pris à saisir l’occasion et à profiter des circonstances. Depuis que Vous avez consenti à ce que le plan des écoles paroissiales soit présenté aux provinces je n’ai cessé d’agir pour écarter les obstacles que cette mesure devait amener. J’y ai réussi au-delà de mes espérances, au moins en Livonie, et comme cette province sert ordinairement d’exemple et d’échelle pour les autres, ce succès partiel est le garant d’un succès général. Une des plus grandes difficultés à lever se trouve dans la résistance des consistoires qui s’opposent à ce que les pasteurs soient, relativement aux écoles des campagnes, subordonnés à l’Université. J’ai prévu depuis longtemps cette résistance, j’ai obtenu, il y déjà 2½ ans, un adoucissement à l’Ukase qui contient les préliminaires de l’instruction publique, où cet objet avait été traité avec une rigueur qui révoltait tous les esprits. Depuis j’ai employé toute l’influence que j’ai sur le consistoire de Livonie à ménager des rapprochements, et je suis de même à cet égard sûr du succès. – Mais il faut absolument profiter du moment. J’irai en tout cas à Pétersbourg vers le nouvel an; mais outre que ces voyages, quand je les fais à mes frais, me ruinent, celui-ci serait infructueux, si je le faisais en simple particulier. Vous Vous souvenez sûrement de la défense que le Directoire a donnée aux Universités d’envoyer des députés sans son ordre3. Ainsi je ne puis aucunement paraître avec un caractère officiel, et par conséquent travailler officiellement, si Vous ne donnez l’ordre au Directoire de me mander pour terminer l’affaire des écoles. Je Vous prie donc instamment de donner cet ordre au plus tôt pour que je puisse pendant la 1e moitié de décembre rassembler tous les autres nécessaires, et partir à Noël. Arrivé à Pétersbourg je Vous présenterai, d’abord à Vous, l’état de la chose en détail, et Vous proposerai les moyens de tout terminer, par rapport aux gentilshommes et par rapport aux consistoires, sans exciter du mécontentement ou des réclamations. Mon plan est calculé sur la connaissance des hommes, et ne peut échouer. J’y ai attaché mon existence, Vous le savez, et la nature qui s’est hâtée de me former, paraît vouloir terminer bientôt. Employez donc le reste du temps qu’elle me laisse. Peut-être le succès me ranimera, et si je succombe après avoir achevé cet ouvrage, j’aurai vécu pour l’humanité et pour Vous; ma vie aura eu assez de durée. Ne parlez à personne de ma santé. Tant qu’on croira que je me porte bien, on songera moins à gagner du temps.

4.> Depuis que nous n’avons plus de gazettes je ne suis plus au courant des affaires extérieurs. – Je ne puis que partager le chagrin qu’elles doivent Vous causer. – O combien de questions j’aurais à faire si j’étais à Pétersbourg! – Serait-il donc impossible de donner à Pahlen le commandement général? C’est certainement la meilleure tête que nous ayons, et quand à sa fidélité il ne serait pas difficile de s’en assurer, si Vous lui promettiez pour la première bataille décisivement gagnée un million de Roubles et le bâton de Maréchal. Je sais bien que toute la cour sera contre cette idée. Mais si Vos armées sont battues, la cour ne trouvera-t-elle pas toujours que Vous n’avez pas pris les bonnes mesures?