Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота — страница 61 из 183

1?

Sire! Le bien public et la gloire de Votre règne exigent la fin de cette anarchie. Rétablissez la vraie liberté de la presse en tenant fermement à Votre règlement de censure. Rendez au public l’ouvrage en question, permettez la gazette estonienne à l’exception des articles politiques, et donnez un rescript formel qui défende à toute autre autorité que le Directoire de l’instruction publique de prohiber des ouvrages approuvés par la censure. Je Vous le demande par intérêt pour Vous-même, par ce sentiment profond pour Vous que rien ne pourra affaiblir et qui me donnerait la force de combattre Vos propres idées comme celles des autres si elles étaient en contradiction avec le bien public. Ce n’est point l’intérêt pour l’Université ni pour moi-même qui me fait parler. Qu’ai-je à craindre pour l’Université ou pour moi? Jusqu’ici nous avons agi selon Vos lois; je l’ai prouvé chaque fois. Tant que Vous serez juste pouvons-nous Vous craindre? Et si enfin lassé de cette lutte perpétuelle l’Université finit par tout prohiber elle deviendra la favorite du parti puissant qui à présent la persécute.

«Mais il faut user de ménagement». – Sire! que diriez-Vous de Benningsen si pour user de ménagements avec l’ennemi, il reculait et lui livrait deux ou trois de Vos provinces? Le traître Kameskoi a agi ainsi. – Croyez-Vous la comparaison fausse? Sentez que chaque acte de faiblesse de notre part est avantage pour l’ennemi et ranime son courage, et qu’il faut livrer plus de combats pour regagner le terrain perdu que pour le conserver. Et puis la coutume, ce tyran de la race humaine, ne se tournera-t-elle pas contre nous et surtout contre Vous? Dominez la coutume et Vous dominerez les hommes. – Mais les circonstances présentes. – Sire! Les hommes modifient les circonstances, et Vous êtes l’homme le plus fort de Votre Empire. Connaissez le levier puissant que la providence a mis en Vos mains, faites le agir. Est-ce la noblesse livonienne ou estonienne qui est à craindre? Elle, qui, menacée journellement par les paysans, n’a d’autre refuge que le trône et les régiments russes? Voyez l’état de la Prusse. La noblesse commandait ses armées. – Il existe, il est vrai, des ménagements. Mais ils sont tous réunis dans une seule chose, la justice. Quand on l’a exercée en temps de paix, on en retire les fruits dans les temps de crise, et la postérité juge la grandeur des rois sur leur persévérance dans les principes, sur leur vraie conséquence dans les mouvements difficiles (Pierre Ier). Les événements, les résultats sont ses guides dans ce jugement sans appel, parce que l’histoire a appris à toutes les générations que les États ne tombent que par faiblesse, c’est à dire par l’inconséquence et la variabilité dans les principes du gouvernement.

Votre ancien Parrot


Je Vous supplie de ne pas oublier pour Sonntag la terre de Colberg, dans la paroisse de Salisburg, cercle de Wolmar, sous arrende. On n’en a offert que 2025 Roubles à l’encan qui a eu lieu.

116. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg, 1 mars 1807]1


Sire!

J’ai de nouvelles à Vous donner de la séance d’hier au Directoire. À mon arrivée on me boudait un peu; il me semblait qu’on attendait des choses très fortes de ma part! Lorsque j’eus commencé à lire mon mémoire, lorsqu’on vit que je parlais très simplement, que je ne discutais pas avec violence, que je produisais sans affectation les actes qui parlaient le plus fortement pour mon opinion, on est revenu des premières idées, la discussion a eu lieu, avec beaucoup de décence et sans la moindre aigreur; Klinger m’a soutenu vigourieusement et à sa prière on m’a même permis, cette discussion finie, de rester pour la discussion sur le gymnase de Mitau qui a été de même terminée, en accordant à Klinger toutes les demandes qu’il faisait dans des remarques par écrit sur le projet de la nouvelle constitution de ce gymnase. Quant aux écoles paroissiales on est convenu de procéder à leur exécution, sans objecter le défaut de réponse officielle de la part des 3 gouvernements qui ne l’ont pas encore donnée, avec la modification cependant qu’il serait dit dans le Doclad que les seigneurs ne doivent pas être forcés à établir les écoles paroissiales, mais qu’on Vous ferait rapport de ceux qui s’opposeraient. Sire! Je conviens qu’il ne faut pas employer la violence sans de fortes raisons; mais dire officiellement à ceux qui doivent exécuter une loi qu’on ne les forcera pas, c’est les inviter à ne pas s’y conformer, et comme dans chaque paroisse il y a plusieurs terres, un seul propriétaire se trouvera par là à même de s’opposer à la bonne volonté des autres, et tout sera gâté. On ne demande des gentilshommes que la bâtisse des maisons en commun avec les paysans de la paroisse, et les frais sont si petits! J’ai produit hier les ordonnances réitérées de Catherine II à cet égard qui sont foudroyantes, et malgré cela on revient toujours à l’idée d’abandonner l’exécution à la bonne volonté des seigneurs. Ce sont les paysans qui font les frais de l’entretien des écoles, par conséquent ce sont eux qui doivent déclarer pour chaque paroisse s’ils peuvent fournir ces frais ou non; c’est leur bonne volonté qui doit décider.

La traduction du plan est finie; je vais la collationner avec Sivers pour être sûr que le traducteur a saisi partout le vrai sens, et ensuite je la ferai copier pour Vous la présenter. Grâces à la Providence et à Votre fermeté nous touchons au terme. Vous allez accorder un bienfait signalé à une nombreuse classe d’hommes dont le bonheur est confié à Votre cœur et qui n’a d’autres intérêts que les Vôtres, et quand j’aurai terminé ce travail je pourrai mourrir content, sûr de n’avoir pas vécu inutilement pour l’humanité et pour Vous. Ne craignez pas ma vivacité dans l’exécution. L’expérience et ma maladie ont modéré ce tempérament de feu que j’ai peut-être quelquefois trop fait éclater. D’ailleurs l’homme fort n’est jamais violent si d’ailleurs il est bon. Plus Vous me revêtirez de pouvoir, plus je serai doux, conciliatif, indulgent, mais sans faiblesse.

Permettez-moi de Vous dire un mot sur ce que Vous me dites an sujet des bulletins de l’armée. Vous aviez envie d’envoyer quelqu’un à l’armée pour y faire les bulletins pour le public. Ne permettez-Vous de Vous proposer quelqu’un, le conseiller d’État Beck, qui est aux affaires étrangères? Outre qu’il fera ces bulletins avec toute la sagacité possible, il Vous sera encore d’une grande utilité; il pourra de là épier facilement les intentions de la cour de Memel2, qui ne me paraissent pas être de la plus grande noblesse, et tirer des informations indirectes sur celle de Vienne qui est plus qu’équivoque. Si en outre Vos armées passent l’Oder, qui plus que Beck pourra être utile à Benningsen? Car alors il faudra que le général ait égard dans ses démarches aux circonstances politiques et locales.

Je prends la liberté de Vous appeler encore l’arrende pour Sonntag. Serait-il étonnant que Vos occupations Vous l’eussent fait encore oublier?

Bonjour, mon Bien-Aimé. Je suis content et heureux.

117. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg], 4 mars 1807


Sire,

Mr. de Drouginin, s’étant fait informer à la Héroldie et chez le Ministre des affaires étrangères pour les patentes des professeurs de Dorpat1, a reçu pour réponse qu’on ne savait rien d’elles, et m’a dit qu’il ne dépendait que de notre Ministre de les y faire porter si en effet le Sénat avait déjà donné le décret à cet égard. Que faut-il penser de ce que le Comte Savadofsky m’a dit que les patentes sont déjà sorties du Sénat et que leur expédition ne dépendait que de Votre signature? Lorsque je fis part de cela au curateur il me dit qu’il y a trois ans qu’il sollicite le Ministre officiellement et en particulier, par écrit et de bouche, sans rien obtenir, et qu’il n’y a qu’un ordre précis de Votre part au Comte Savadofsky qui pourra terminer. Veuillez, Sire, donner cet ordre. Je compte partir sur la fin de cette semaine. Vous savez que je le dois. D’un autre côté je désirerais beaucoup pouvoir apporter ces patentes aux professeurs; je leur ai écrit que je les apporterais sûrement, et c’est le seul avantage que l’Université comme telle aura de mon voyage, tout le reste de ma mission concerne les écoles.

Pardonnez-moi cette prière. Vous sentirez sûrement que dans ma position elle est bien naturelle.

La copie du plan des écoles paroissiales sera demain. Pourrai-je avoir le bonheur de Vous la présenter Mardi? Vous serez alors délivré de mes importunités, dont je sens le poids autant et plus que Vous-même. Je me mets souvent à Votre place. Que ne puis-je faire le bien sans Vous tourmenter! Que n’ai-je rien que des choses agréables à Vous offrir quand j’ai le bonheur de Vous voir! – Mais non. Si l’art de régner était facile Vous ne seriez pas mon Héros.

118. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg], 7 mars 1807


Sire!

Nous avons déjà le 7 Mars. Permettez-moi de me rappeler dans Votre souvenir. Il m’en coûte beaucoup de le faire persuadé comme je le suis que Vous faites Votre possible. Mais d’un autre côté le temps s’écoule, et peut-être croyez-Vous qu’une semaine de plus ou de moins est de peu d’importance. Voyez, je Vous supplie, le calcul du temps qui m’est donné.

En supposant que Samedi, le 9, Vous fassiez contresigner le plan par le Ministre, je serai obligé d’en attendre la copie officielle au moins 3 jours. Ce sera le 12. Il me faudra ensuite 3 jours pour mon retour à Dorpat, parce que je ne puis pas encore voyager la nuit. J’y arriverai donc au plus tôt le 15. Là il faut que je mette ordre à mes affaires concernant l’Université, les écoles, mes leçons et le cabinet de Physique. Je ne pourrai donc partir pour les 4 gouvernements que sur la fin du mois. Or comme chaque gouvernement me prendra au moins 1 mois de temps je ne pourrai avoir terminé cette mission au plus tôt qu’à la fin de juillet. Je ne parle pas de la perte de mes vacances, ni de mon devoir de me préparer à mes leçons pour le semestre prochain après les avoir négligées si longtemps, je m’en tirerai comme je pourrai. Mais au moins il faut que le 1 Août je sois là pour commencer les leçons avec le semestre, sans quoi ce semestre est perdu du nouveau. Mon devoir de Professeur est mon premier devoir, le seul que je puis remplir sans chagrins.