Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота — страница 71 из 183

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[Dorpat, mai 1809]1


Vous avez oublié ou abandonné mon télégraphe que je Vous avais rapporté dans ma dernière lettre 2. Soit. Permettez-moi de Vous présenter une autre invention, médico-chimique, d’un professeur Grindel qui mérite Votre attention et qui Vous prouvera de nouveau que les membres de Votre Université de Dorpat, outre leurs fonctions de professeurs, s’occupent avec succès d’objets d’une utilité générale. C’est un surrogat pour le quinquina qui est déjà à un prix énorme et qui manquera bientôt tout à fait en Russie. Ce surrogat n’est pas autre chose que le caffé non brûlé. Grindel a analysé le quinquina avec plus de soin que ses prédécesseurs, a trouvé comme bases principales un acide particulier qu’il nomme acide de quinquina et de la colle, et s’est assuré que c’est à ces deux substances que le quinquina doit ses effets médicaux. Il a ensuite cherché ces mêmes bases dans plusieurs autres végétaux et ne les a trouvées que dans le caffé non brûlé, mais en plus grande dose que dans le quinquina même. Il a conclu de là que le caffé doit produire des effets analogues. Des expériences devaient décider. Il les a fait faire par plusieurs médecins tant de l’Université que de la ville, d’abord sans nommer le surrogat; les premières en juillet 1808. Puis il a publié le secret dans le petit livre ci-joint. À la fin d’avril nous avions à Dorpat plus de 100 expériences, faites sur des gens du commun et des personnes de qualité, de tout sexe et de tout âge depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse. Ces expériences se répètent en plusieurs autres villes, surtout à Reval et à Moscou, toujours avec le même succès, en sorte qu’à cette époque il existait plus de 200 expériences. Ces expériences que l’on continue sans cesse ont prouvé jusqu’à présent que le caffé comme le quinquina est applicable comme infusion, comme décoct, comme extrait et en substance.

Employé de ces différentes manières le caffé a guéri les fièvres de toute espèce, intermittentes, catarrhales, putrides, nerveuses etc. souvent avec plus de succès que le quinquina même, et a été reconnu comme spécifique dans quelques complications où le quinquina ne faisait aucun effet. La chirurgie en tire également des avantages considérables pour les plaies gangréneuses et les caries. Notre célèbre professeur de chirurgie Kautzmann l’a trouvé généralement plus efficace que le quinquina même.

Longtemps avant la publication de ce remède le professeur Grindel a envoyé de l’extrait de caffé tout préparé et la description à Mr. Wylie Votre chirurgien, déjà en Octobre de l’année passée, avec la prière de faire faire des expériences dans les nombreux hôpitaux qui sont à ses ordres, mais n’a encore reçu aucune réponse. C’est ce qui l’a engagé à faire imprimer la description ci-jointe, voyant qu’on ne faisait point d’expériences là où elles sont les plus faciles et où c’est un devoir sacré de les faire. Le prix du caffé était avant l’interruption du commerce moins d’un Rouble par livre, celui du quinquina n’a jamais été au-dessous de 3 Rbl. À présent le caffé coûte 2 Rbl., le quinquina 25 Rbl. Cette énorme différence du prix, la sûreté qu’on ne manquera jamais de caffé en Europe, le caffé étant un objet de luxe d’une énorme consommation, et la sûreté en outre que le caffé ne peut jamais tout à fait manquer comme objet de culture, le quinquina au contraire commençant déjà à devenir plus rare en Amérique même et de moindre qualité, tout concourt à attacher à cette découverte une grande importance, et je crois de mon devoir de Vous prier d’accorder au Professeur Grindel une récompense proportionnée puisqu’il a eu la loyauté de confier ce secret à Mr. Wylie et ensuite de le publier sans aucun intérêt pécuniaire qu’un homme intéressé à sa place eût bien su faire valoir3.

147. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat], 18 août 1809


Sire!

Ne brûlez pas cette lettre sans la lire. Quelque raison que Vous croyez avoir d’être fâché, lisez-la, je Vous en conjure, pesez-en le contenu. C’est pour Vous que je l’écris, pas pour moi; et je l’écris dans la persuasion que je m’aliène de nouveau un homme puissant, qui reconnaîtra dans ces conseils celui qui Vous les a donnés1.

Votre Ukase du 6 Août touchant les avancements m’a fait un bien sensible plaisir, non pas pour les Universités; car si d’un côté Vous leur donnez une nouvelle preuve de Votre haute confiance, de l’autre Vous les chargez du travail le plus épineux et le plus ingrat qu’on puisse imaginer2. Je me suis réjoui de cet Ukase parce qu’il prouve qu’en dépit des clameurs Vous marchez ferme dans la route que Vous Vous êtes tracée. Mais quel a été mon étonnement lorsque j’ai lu l’article annexé qui règle le mode des examens! Mon cœur s’est resserré et en ce moment j’ai douté qu’un génie tutélaire veille sur la Russie. Dois-je Vous tout dire? J’ai ouï l’opinion du public ici et à Pétersbourg. Ce règlement des examens, fautif en tout point, sert d’arme à la méchanceté pour rendre tout l’Ukase ridicule, et en ce moment j’ai déjà sous les yeux une lettre où l’on offre 500 Rbl. pour faire passer un ignorant par cet examen, puisque, dit-on, cet examen est en soi inexécutable. Je ne parle pas des fautes scientifiques de cet examen, où par ex. on confond le droit criminel et l’économie politique dans la même rubrique; mais je parle de l’essentiel qui contredit directement le sens moral et littéral de l’Ukase.

L’Ukase ordonne que quiconque veut obtenir le rang d’assesseur de collège doit subir l’examen prescrit. Or, outre les sciences préliminaires, telles que l’histoire, géographie, mathématique, physique etc., se trouvent rangées toutes les parties de la jurisprudence et l’économie politique en sus. Je me tais sur l’impossibilité de subir un examen dans tant de parties; mais il est au moins évident que cet examen n’est que pour les hommes de loi, et cependant l’Ukase est général et doit l’être. Sûrement Vous l’avez voulu, Votre idée ne pouvant pas être qu’il n’y ait que pour la jurisprudence des hommes instruits en place, et que tous les autres départements civils soient peuplés d’ignorants. Pourquoi donc faire examiner dans toutes les parties de la jurisprudence un homme qui est dans le commerce, dans les mines, dans les manufactures, dans le département des canaux etc.? Vous confiez les examens aux universités parce que ces corps réunissent à un haut degré de considération morale l’avantage de posséder des hommes versés dans toutes les sciences. Pourquoi donc restreindre les examens à la jurisprudence? Pourquoi donner à la malignité l’avantage de dire que personne dans l’Empire russe ne peut obtenir de rang que les jurisconsultes? Cette injustice n’est ni dans Vos vues ni dans Votre caractère. C’était au contraire le moment de frapper un grand coup en faveur de toute l’administration en déclarant que les sujets qui veulent entrer dans les emplois doivent se former spécialement pour ces emplois et ne seront point transférés comme jusqu’à présent d’un département dans un autre. Ce défaut est la gangrène de l’Empire. Quiconque sait tout ne sait rien. Ce nouvel ordre de choses aurait en outre l’avantage inappréciable que les collèges subordonnés aux ministres deviendraient des êtres moraux, et cesseraient d’être des machines dérivantes. Quand Vous voulez avoir un avis mûr et raisonné sur une partie Vous êtes obligé de chercher les hommes instruits dans la partie comme on cherche une épingle, pour en former un comité particulier.

Ce règlement des examens pêche encore dans la forme, doublement. D’un côté il est minutieux en prescrivant de petites manœuvres qui lorsqu’elles sont nécessaires se prescrivent d’elles-mêmes mais dont la publicité fait un mauvais effet. Sire! si celui qui a conçu ce règlement avait une connaissance des Statuts des universités (et quiconque fait des règlements que les universités doivent exécuter doit avoir cette connaissance) il aurait trouvé au § 72 et 74 de nos Statuts que l’examen nécessaire en ce cas y est déjà prescrit et exprimé d’une manière digne de la chose. D’un autre côté le règlement prescrit que chaque Université nomme un comité composé du Recteur et de trois membres pour ces examens. On suppose donc que 4 professeurs pourront satisfaire à ces examens. Cela est impossible, parce que nul professeur ne consentira jamais à examiner dans une partie qui lui est étrangère. Notre Université qui veut faire en effet et non par pure forme ce que Vous ordonnez a tâché de remédier, mais en secret, à ce défaut en décidant que ce comité a droit de requérir tel professeur qu’il jugera nécessaire. Je dis en secret car nous n’osons ni faire des remontrances ni corriger les fautes qui viennent d’en haut.

L’Ukase est général pour tout l’Empire. Mais le règlement des examens exige la connaissance approfondie de la langue russe. Dans nos provinces nous n’avons peut-être pas 5 fonctionnaires qui puissent subir cet examen, et la raison de cela est que jusqu’à présent il n’y avait point de moyen d’apprendre cette langue. En ce moment même l’Université après les plus grands efforts n’a pas encore pu trouver des maîtres russes pour toutes nos écoles et les deux tiers de ceux que nous avons pris faute de meilleurs ne valent rien. Les avancements sont donc impossibles dans ces provinces. Et sûrement ce n’est pas ce que Vous avez voulu, car Vous m’avez dit plus d’une fois que le travail qui vient de ces provinces est généralement le meilleur pour la conception et l’ordre des idées.

Voila ce que j’avais à Vous dire sur l’essentiel de la chose; à présent permettez-moi quelques autres remarques non moins importantes.

Outre les examens des candidats pour les places et les rangs les universités accordent selon leurs Statuts les titres de Docteur et de Magister qui (§ 15 de l’Acte de fondation) rangent avec la 8